Mbuyu doit rendre le Sporting aussi riche que Porto

Mbuyu doit rendre le Sporting aussi riche que Porto

Le nouveau chef de la cellule scouting dévoile un projet ambitieux basé sur la réussite portugaise

Quand on dit que Herman Van Holsbeeck n’a pas encore fait de transfert lors de ce mercato estival, ce n’est tout à fait exact. Le 5 juin dernier, le club a engagé Dimitri Mbuyu comme responsable de la cellule scouting. Une arrivée pas si anecdotique qu’on aurait pu l’imaginer à en croire la volonté qui se cache derrière : faire du Sporting un nouveau FC Porto.

Pourquoi Porto ? Car c’est le plus riche des clubs portugais grâce à une capacité à vendre à prix d’or des joueurs achetés relativement bon marché.

"Le secret vient du scouting" , explique Dimitri Mbuyu (49 ans). "Porto, mais on pourrait également citer le Benfica, est toujours très réactif sur le marché. Quand le club repère un bon joueur, il devance souvent les autres."

La rapidité d’action, c’est surtout là que les dirigeants du Sporting devront progresser.

"Quand je suis arrivé à Anderlecht, j’ai vu tous les noms que les clubs avaient déjà notés ces dernières années. Sans vous dévoiler les identités, je peux vous dire qu’il y avait d’excellents joueurs. Des gars qui sont maintenant dans de très grands clubs européens. C’est la preuve que les recruteurs du Sporting font du très bon boulot. Ce qu’il faut, c’est pouvoir oser et décider vite quand on repère un élément talentueux."

À Anderlecht, c’est un conseil d’administration qui valide ou non les dépenses, notamment celles pour les transferts. Un conseil d’administration qu’on pouvait parfois qualifier de frileux quand il s’agissait de sortir une grosse somme en une fois. La tendance est cependant en train de changer.

"Le club, moi en premier, a compris qu’il ne servait à rien de dépenser plusieurs fois un million d’euros pour des joueurs moyens" , reconnaît Herman Van Holsbeeck. "Nous voulons désormais privilégier la qualité à la quantité."

Concrètement, le Sporting hésitera moins quand il faudra débourser cinq millions pour un jeune joueur à fort potentiel. C’est la jurisprudence Aleksandar Mitrovic. "Si tout le monde est convaincu par les qualités du joueur, nous tenterons de le prendre, même s’il s’agit d’un gros investissement" , appuie Dimitri Mbuyu.

C’est ce que fait Porto depuis de nombreuses années : dépenser des sommes entre trois et six millions d’euros avec l’espoir de réaliser une très grosse plus-value derrière. Cela arrive régulièrement : ces dix dernières années, le club de Steven Defour a dépensé 98 millions sur le marché des transferts et a touché… 516 millions ! Soit une plus-value globale de 418 millions. Dans le même temps, Anderlecht réalisait un boni de 71 millions (68 millions dépensés, 131 touchés).

Comment faire du Porto à la sauce Mauve ?

Le FC Porto a une manière très précise de travailler pour son recrutement. Cela se passe en trois étapes. La première consiste à visionner énormément de matches via un programme spécial sur ordinateur depuis les bureaux du club. Les recruteurs suivent même des rencontres de D3 brésilienne. Des listes sont faites avec le nom de nombreux joueurs. Arrive ensuite la deuxième étape. Les recruteurs sont envoyés sur place pour visionner tous talents repérés. Une fois ce second filtre passé, le club fait sa liste de courses. Pour la troisième et dernière étape, Jorge Mendes, l’agent le plus influent du foot mondial, entre en scène. Très proche du président de Porto, il parvient très souvent à faire la différence quand un joueur hésite entre plusieurs formations.

Une tactique bien huilée qu’Anderlecht voudrait copier. Mais comment ? Dimitri Mbuyu a six recruteurs sous ses ordres. Six hommes spécialisés sur différents marchés (l’Afrique, l’Amérique du Sud, etc.).

"On va tenter de voir un maximum de rencontres partout dans le monde, parfois même dans des régions où les autres regardent moins, afin de composer un onze fantôme . Dès qu’un joueur partira, on saura vers quelle piste se tourner" , explique le nouveau chef du scouting.

Les joueurs désirés seront visionnés plusieurs fois par les scouts, puis par Dimitri Mbuyu et, enfin, par Herman Van Holsbeeck et, dans la mesure du possible, par Besnik Hasi.

Comme Porto, Anderlecht tentera aussi de se servir de l’influence des agents. Ces dernières années, le Sporting a réussi à entretenir d’excellentes relations avec les managers les plus influents du Royaume. Ils doivent permettre de convaincre les joueurs mais aussi de bien les vendre plus tard.