"J’ai manqué la naissance de mon fils"

Mbemba: "J’ai manqué la naissance de mon fils"

Chancel Mbemba dévoile une partie de sa personnalité

Chancel Mbemba est presque aussi connu pour ses tacles et sa puissance que pour sa discrétion, voire sa timidité en dehors des pelouses. Le défenseur congolais de 19 ans avait déclaré ne pas sortir, ne pas boire et ne pas avoir de temps pour les filles. Pour nous, il lève un coin du voile sur vie.

Chancel, vous venez de demander la nationalité belge…

"On va rentrer la procédure sous peu. C’est important pour moi, pour mon avenir. La Belgique est mon deuxième pays. Je m’investis dans différents projets sociaux. J’ai créé une fondation qui soutient les réfugiés en leur fournissant des équipements de football pour qu’ils puissent s’intégrer socialement via le sport. Je veux rendre quelque chose à la Belgique."

Puis, ça facilitera les choses pour aller en Angleterre !

"Oui mais ce n’est pas le but. Je dois d’abord penser à ma famille. Peut-être vais-je construire une maison ici. Je veux vivre ici en Europe. Construire ma vie ici avec ma famille."

Vous avez souvent de la visite ?

"Mon frère vient parfois. Il sera là en septembre en tant que touriste. Les papiers demandent du temps. Ce serait bien qu’il s’installe en Belgique pour ses études mais ça demande du temps au niveau administratif."

Vous vivez seul ?

"Oui, mais parfois mon fils vient me rendre visite."

Vous êtes papa ?!

"J’ai un fils de 8 mois. Il est né le 18 janvier de cette année. Il s’appelle Eden. Il me ressemble comme deux gouttes d’eau. J’ai l’impression de me regarder."

Eden, comme Eden Hazard ?

"Non, c’est un nom lié à ma foi. C’est une heureuse coïncidence qu’Eden Hazard ait porté ce prénom vers le haut."

Qui est sa mère ?

"Ma copine, Sonia. Elle est originaire du Congo mais habite à Paris. Je l’ai rencontrée il y a deux ans à l’église alors que j’allais rendre visite à mon père en France."

Elle vous rend souvent visite ?

"Oui, elle vient quand elle le peut avec mon fils et je leur rends visite. J’en profite pour voir mon père qui habite aussi à Paris."

Ça vous a changé la vie ?

"C’est chouette. J’espère qu’il me rejoindra un jour. Je ne pense pas que Sonia viendra s’installer un jour en Belgique car j’ai peu de temps. Je suis ici pour travailler."

Étiez-vous là le jour de sa naissance ?

"Malheureusement, j’ai loupé sa naissance car nous avions match contre Malines le 19 janvier et il est né dans la nuit du 18. C’était trop court. J’ai directement été à Paris quand j’ai eu un moment libre."

Pourquoi avoir caché votre paternité ?

"Je n’aime pas trop parler de cela. Seules quelques personnes étaient au courant. Pourtant, mon fils était là le jour du titre l’an passé. C’était un grand moment même si la nouvelle de sa naissance reste le plus beau jour de ma vie. Je me suis d’ailleurs fait tatouer son nom et sa date de naissance."

Votre fils va-t-il partir au Congo ?

"Non ! Je veux qu’il grandisse en Europe. Je ne le pousserai pas vers le football. Les études sont plus importantes. Je n’ai pas eu cette opportunité en Afrique. Je suis arrivé en Belgique en ne parlant que le Lingala. J’ai fait de gros progrès en français et je continue à prendre des leçons à domicile. Je sais écrire mais pas énormément."

Un second enfant est déjà en projet ?

"Non. Je vais peut-être attendre encore cinq ou six ans. j’ai le temps, je suis jeune."

"Je dois me cacher quand je reviens au Congo"

Le 6 septembre, le Congo débutera sa campagne qualificative en vue de la Coupe d’Afrique des nations. Le Cameroun sera au menu.

Le coach avait présélectionné plus de 100 joueurs…

"Il a pris tous ceux qui pouvaient potentiellement porter le maillot de l’équipe nationale. Il ne veut rien laisser au hasard."

Une trentaine d’entre eux émane du championnat belge !

"J’ai peu de contacts avec eux. J’en ai discuté avec Fabrice mais il doit d’abord en parler à ses parents. Il n’a jamais été en Afrique, il ne sait pas où il va tomber. Il risque d’être perdu."

Christophe Diandy fait partie de la sélection, n’est-il pas sénégalais ?

"Bien sûr ! Il n’est pas congolais, ça se voit. Cela doit être une erreur."

De quels joueurs aux origines congolaises êtes-vous proche ?

"Dieumerci Ndongala, Nicaise Kudimbana, Junior Kabanaga ou encore Nathan Kabasele sont des amis."

D’autres ont été sélectionnés, comme Andy Kawaya…

"Oui mais il n’y ira pas. Il n’a jamais mis les pieds là-bas et sa famille ne serait pas trop pour. Un gars comme Andy doit d’abord passer une ou deux semaines sur place pour se faire aux mœurs locales."

C’est si différent ?

"Vous n’avez aucune idée. Si les gens savent que je suis footballeur professionnel, ils viennent à moi et ne me laissent pas tranquille. Tout le monde attend quelque chose de ma part. Je ne comprends pas trop."

Comment faites-vous pour éviter ça ?

"Mon petit frère vient me chercher à l’aéroport. Personne n’est au courant, je dois me cacher. Il prend les bagages et moi je passe en douce, casquette vissée sur la tête. S’ils me reconnaissent, ils me demanderont de l’argent. Donner ne me dérange pas. Mais il est impossible d’offrir 20 euros à tous ceux qui le demandent."

Avez-vous reçu votre convocation pour la sélection ?

"Non mais ça va arriver. Parfois, je dois m’occuper moi-même de mes réservations. C’est moins structuré qu’en Europe."

Vous avez reçu un coup de fil du sélectionneur ?

"Non, c’est Dieumerci Mbokani qui prend cette initiative. D’autres le font pour les joueurs évoluant en Angleterre, en France ou en Allemagne. Ils ont un nom et connaissent tous les Congolais évoluant en Europe. Ils sont nos scouts. Notre fédération n‘a pas l’argent pour se permettre une grosse structure."