Anderlecht est d'attaque mais fragile en défense

Anderlecht est d'attaque mais fragile en défense

Anderlecht a soigné le spectacle et s’est créé une dizaine d’occasions.

Le score pourrait faire croire l’inverse, mais Anderlecht a joué son meilleur match à domicile de la saison, contre le Cercle. Pour une fois, le Sporting a créé le danger pendant les deux mi-temps. Et contrairement aux matches contre Mouscron (3-1), Charleroi (1-0) et Waasland-Beveren (1-0), les gens se sont vraiment amusés.

Quatre jours après le match épuisant à Galatasaray, l’équipe de Besnik Hasi a eu une dizaine d’occasions. Finalement, seulement trois ballons sont allés au fond du but d’un Werner extraordinaire. "C’est ma grosse frustration, analysait Besnik Hasi. Je voulais qu’on ne dépense pas trop d’énergie, vu notre programme chargé. Pour une fois, j’avais demandé à mes arrières latéraux de jouer très haut. On a eu les occasions pour marquer quatre buts avant le repos. Mais mes joueurs ont dû aller jusqu’au bout de leurs forces jusqu’à la fin. Je pensais vite marquer deux ou trois buts pour pouvoir mettre des garçons au repos."

Les attaquants du jour - les buteurs Mitrovic et Suarez - ont été remplacés à la 78e avec des sentiments mitigés. En quittant le terrain, Mitro a prononcé toutes les injures serbes qu’il a dans son vocabulaire, même quand il a croisé Hasi. "Tant qu’il marque, il peut jurer" , souriait l’entraîneur des Mauves . Il a bien travaillé." Et il a retrouvé le chemin des filets, après avoir raté des occasions au Lierse et à Galatasaray.

Suarez, lui, a déposé le 2-1 dans le but, mais aurait pu inscrire plus de buts, surtout après une action fabuleuse à la Mati. "Un Mati affûté aurait marqué deux buts en plus. Mais bon, ça va mieux qu’il y a un mois. On va travailler son retard physique, il doit pouvoir tendre entièrement la jambe et il doit retrouver sa vitesse."

Ça coince derrière

Neuf buts encaissés en huit rencontres de championnat, dont six lors des trois dernières sorties : la défense anderlechtoise souffre ces dernières semaines. Samedi au Parc Astrid, le Cercle a pu profiter de deux grosses erreurs pour donner du suspense jusqu’au bout à un match qui n’aurait jamais dû en avoir.

Besnik Hasi est loin d’avoir apprécié. "Ces buts encaissés me rendent fou. Chaque fois, on s’en prend deux (Ndlr : une fois sur deux en championnat) et ça nous oblige à marquer beaucoup. C’est bien, cela amuse les gens mais moi, je veux toujours garder le zéro derrière."

Mardi à Galatasaray, à l’exception d’une erreur de concentration dans les arrêts de jeu qui a coûté un but, la dernière ligne mauve avait pourtant donné des signes très encourageants. "Je pense que la fatigue entre aussi en ligne de compte" , reprend Hasi. "Mais ne me parlez pas de problème physique, même si ces buts tombent souvent en fin de rencontre. Le plus gros souci, c’est la concentration."

Michaël Heylen , qui fêtait sa première titularisation avec le Sporting, partage l’avis de son coach. "On doit garder le bloc plus compact. Sur les deux buts du Cercle, on donne un peu trop d’espace et on le paie directement" , explique-t-il avant d’assumer sa part de responsabilité sur l’égalisation brugeoise. "J’étais mal positionné sur le centre. Le ballon arrive pile entre Silvio (Proto) et moi, c’est ce qu’il y a de plus compliqué à défendre, comme me l’a dit Bram (Nuytinck) dans le vestiaire après la rencontre. Mais j’ai commis une erreur."

La concentration, péché de jeunesse d’une défense dont les deux centraux avaient vingt ans samedi ? Maxime Colin, qui retrouvait sa place de back droit après avoir connu le banc à Galatasaray, estime qu’il n’y a pas que ça. "Si vous analysez une défense qui n’encaisse pas, vous trouverez quasiment à chaque fois une défense où les joueurs sont les mêmes. Il faut qu’on trouve de la stabilité et de la continuité derrière. Avec les blessures, ce n’est pas simple mais ce sera au coach de faire les choix."

Sur les neuf premiers matches ( Pro League + C1), huit joueurs différents ont joué en défense : Najar, N’Sakala, Colin, Mbemba, Nuytinck, Deschacht, Heylen et Acheampong. Sans compter le retour imminent de Vanden Borre.

Encaisser beaucoup, c'est bon signe

Anderlecht a la fâcheuse tendance d’encaisser régulièrement en ce début de saison. Pas de panique, quand Anderlecht encaisse, il finit champion et quand il n’encaisse pas, il plie au final.

Avec 9 buts pris en 8 rencontres, Anderlecht peut se poser quelques questions concernant son assise défensive. Mais ce résultat est loin de faire tache par rapport à ceux des années précédentes.

Lors de la défunte saison, les Mauves avaient déjà encaissé 12 points au même moment en Jupiler Pro League. La faute à un 4-0 pris sur la pelouse du Club Bruges lors de la 8e journée. Au final, les Bruxellois sont parvenus à accrocher le titre en fin de saison.

Les deux années précédentes, ils ont à chaque fois pris 8 buts à ce moment de la compétition. Une moyenne proche de celle du moment. À nouveau, les Mauves ont accroché le titre après un début de championnat lors duquel ils avaient beaucoup encaissé.

Lors de l’exercice 2010-2011, Anderlecht n’avait pris que 2 buts en 8 rencontres. Une défense de fer qui prit finalement l’eau pour se laisser déborder par Genk et le Standard.

Les nombreux buts pris en fin de partie ont été pointés du doigt. C’est la troisième fois en neuf rencontres (C1 comprise) que les Mauves se sont fait surprendre en fin de match. Une statistique qui fera réfléchir Besnik Hasi quant à la concentration de ses troupes.

"Hasi n'est pas un coach défensif", un commentaire de Christophe Franken

Lorsqu’il a repris l’équipe à la mi-mars, Besnik Hasi a très rapidement reçu l’étiquette d’entraîneur à tendance défensive. Il remettait une organisation stricte là où John van den Brom avait tendance à ne voir que l’aspect offensif. Une organisation à la base du trente-troisième titre du Sporting en mai dernier. Mais depuis le début de la nouvelle saison, Hasi démontre qu’il n’est pas qu’un organisateur hors-pair. Après avoir fait (au moins) jeu égal footbalistiquement avec Galatasaray, ses hommes ont montré un visage ultra-offensif contre le Cercle, demandant, par exemple, à ses backs d’être pratiquement des ailiers. Le Sporting a pris deux buts mais en a aussi inscrit trois après avoir obtenu une dizaine d’occasions. Cela a beaucoup diverti le public. Et en grand connaisseur de la maison mauve , Hasi connaît l’importance de ce paramètre.