Mogi Bayat: “Je ne peux pas travailler pour les 4 grands”

Mogi Bayat: “Je ne peux pas travailler pour les 4 grands”

Il aura fallu des semaines de patience, un travail de sape et une facture de téléphone consolidée pour parvenir à convaincre Mogi Bayat de se livrer. Reste que le jeu en valait la chandelle. Spontané bien que préparé, franc en évitant soigneusement la méchanceté, l’agent le plus influent de Belgique n’aura ni eu besoin d’afficher sa Ferrari, ni d’exhiber le nombre de joueurs appartenant à son écurie (“Je sais juste qu’il y en a beaucoup”) pour impressionner. Pendant plus d’une heure, il aura suffi de l’écouter.

Mogi, vous savez qu’en vous serrant la main certains se demandent s’ils sont face à un agent influent ou au nouveau patron de Charleroi.

“Je suis agent, point à la ligne. Chacun devrait savoir qu’il m’est interdit de diriger de droit ou de fait un club de foot. Mon frère est administrateur-délégué à Charleroi et cela s’arrête là, sans équivoque possible. Il faut arrêter les fantasmes en tout genre. Ce n’est pas parce que j’ai d’excellentes relations avec certains dirigeants de clubs que je dois perdre mon identité.”

Vous pensez à Herman Van Holsbeeck et à Dirk Degraen. C’est à Genk et à Anderlecht que vous avez vos amis ?

“Oui bien sûr, mais pas seulement. Mes amis sont aussi à Courtrai, Mons, Zulte et Louvain. Et quand on se rencontre, on arrive à laisser le foot de côté. Ce qui est vrai, c’est que ce n’est pas possible de travailler avec les quatre grands clubs belges. Bruges et Anderlecht, ce n’est pas compatible.”

C’est aussi pour cela que Roland Duchâtelet vous a gentiment prié de vous éloigner du Standard cet été ?

“Je ne souhaite pas polémiquer avec Roland par presse interposée. Il connaît mon point de vue. Je pense qu’il a été conduit en erreur sur beaucoup de dossiers et que certains lui ont fourni un paquet de fausses informations. J’avais un mandat auprès du Standard. Celui de vendre Nong, Leye, Benteke et Berrier : mission accomplie. Et l’on peut dire ce que l’on veut sur le transfert de Cyriac, mais c’est celui qui leur a rapporté le plus d’argent cet été. Et le Standard ne m’a pas donné un euro dans l’aventure !”

Vous savez ce qu’ils vous reprochent, Mogi : c’est d’avoir conclu un préaccord avec Anderlecht dès janvier 2012.

“Mais c’est de la foutaise complète ! Je pourrais vous déposer sur la table les mails envoyés par la direction anderlechtoise datés du 29 juin dernier montrant que le Sporting hésitait encore à se positionner. Et ce n’est qu’à la reprise des entraînements que Cyriac s’est posé des questions sur l’effectif du Standard. Je crois que les événements sont en train de lui donner raison.”

Une fois que Cyriac vous a fait part de ses envies de départ, vous avez tout fait pour accélérer le transfert.

“C’est un reproche que l’on me fait souvent. Celui d’être autoritaire. C’est faux. Je veux juste aller vite quand il faut faire un transfert. Quand on a tous les éléments, il faut foncer sous peine de rater le train. Je suis quelqu’un qui travaille en équipe même si je reconnais que je le fais avec une forte personnalité.”

En attendant, c’est à Anderlecht que vous êtes devenu incontournable. On vous dit même salarié du club. Herman Van Holsbeeck ne pourrait plus se passer de vous.

“Herman peut parfaitement se passer de moi. Quand vous voyez la façon dont il gère son capital joueurs, la qualification pour la Ligue des Champions, la formation, on touche au très très haut niveau. Je ne suis salarié ni à Anderlecht ni ailleurs. J’ai par contre une série de conventions avec des clubs. Au Sporting, cela inclut notamment la gestion de Massimo Bruno et des missions de scouting. En France notamment.”

On attend encore de voir débarquer un joueur français au Sporting.

“Par deux fois, on a manqué de toucher au but. Quand vous visez des gros calibres, des joueurs qui avalent 35 matchs de Ligue 1 par saison, c’est forcément compliqué. Pour vous donner un exemple, Anderlecht a suivi l’évolution de Varane (Real Madrid) il y a quelques années. Lens avait besoin d’argent frais, mais le prix d’achat était un peu trop élevé. Quelques mois plus tard, le Real est arrivé. Mais vous verrez, la troisième sera peut-être la bonne cet été.”