Les gardiens de but sont-ils trop exposés? «Oui», répond sans aucune hésitation Patrick Bailly, le père de Logan, qui entend mettre fin à ces insultes proférées à l’égard des membres des familles des joueurs. Vain combat?
Dans la foulée de la courte victoire signée par Anderlecht face à OH Louvain, mi-décembre, Logan Bailly avait dénoncé l’accueil qui lui avait été réservé au stade Vanden Stock. Pas tant à lui d’ailleurs, mais à ses proches, présents dans les tribunes. «Les supporters peuvent me chambrer tant qu’ils veulent, mais pas s’en prendre ainsi aux gens qui me sont chers. Croyez-vous que ma mère ait apprécié qu’on me traite de fils de p…? Et que mon épouse ait accepté les propos incroyablement vulgaires dont elle a été la cible? C’est intolérable d’insulter de la sorte des gens qui n’ont rien fait et surtout rien demandé…»
Aujourd’hui, dans Sudpresse Sports, c’est Patrick Bailly, le père de Logan, qui monte au créneau. «Cela fait plusieurs années que je dénonce la situation, mais personne ne s’est encore occupé du problème», dit-il. «On a mené des actions, et c’est très bien, pour empêcher les chants à caractère raciste. Il est aussi arrivé que des matches soient arrêtés, lorsque le public du Beerschot avait fait rimer Kawashima avec Fukushima ou lorsqu’un autre avait traité les Wallons de caca. Pourquoi, dès lors, ne fait-on rien quand on traite un gardien de fils de p… et qu’on maltraite sa famille?»
Patrick Bailly en a gros sur le cœur. «Logan paye sans doute sa réputation de ‘bad boy’, mais cela ne justifie rien. Que le public tente de le déstabiliser en balançant des «Pédé», «Janette» ou «Censuré», passe encore… Qu’il se moque d’une sortie loupée, pas de souci non plus. Mais lancer à l’adresse de sa femme et de sa fille de 7 ans des vulgarités sans nom, c’est inacceptable. Qu’ont-elles à voir dans là-dedans? Logan, lui, est au milieu du jeu de quilles, ne pouvant rien faire. Ne pas péter un câble et répliquer, sous peine d’être suspendu, ne pas aller trouver l’arbitre non plus sous peine d’aggraver son cas. Il n’a donc qu’une solution: accepter sans broncher! C’est ce que je me refuse de faire…»
Offusqué, Patrick Bailly ne veut pas défendre uniquement la cause de son fils. «Silvio Proto et Stijn Stijnen en entendent, eux aussi… Lorsque je le signale, on me rétorque que ces deux-là ont l’art de provoquer le public et ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Mais cela justifie-t-il que l’on salisse leurs proches? C’est devenu une mode en Belgique. Je n’ai jamais été confronté à cela lorsque Logan jouait en Allemagne. Ici, le public peut tout se permettre. Il est grand temps qu’on planche sur ce problème...»
Mais que faire? Patrick Bailly a décidé de prendre le taureau par les cornes. «J’ai contacté Philippe Vande Walle, l’entraîneur des gardiens de Bruges et de l’équipe nationale, et il est prêt à s’investir à 200% dans ce combat. J’ai aussi eu en ligne Silvio Proto, qui est partant, comme Olivier Renard. Le but? Sensibiliser les fans, sous l’égide des autorités du foot si celles-ci souhaitent faire bouger les choses, par la mise sur pied d’une action concrète. Pourquoi les gardiens ne monteraient-ils pas, lors d’un prochain week-end, flanqués d’un t-shirt avec un message très clair? On me dit que je suis un doux rêveur, que ça ne servira à rien, mais qui n’essaye rien n’a rien. Ne rien faire est plus insupportable, parce que c’est cautionner. C’est hors de question!»